4h21 du matin

Elle s’avançait, nue et terriblement belle, elle lui tendait la main en murmurant doucement « suis-moi, Kess’, suis-moi… » Et, alors qu’il quittait son état léthargique pour avancer ses pieds et suivre la belle…

{I DONT LOVE YOU, LIKE I’VE DONE YESTERDAY !}

-Hein ?

Kessen se tourna sur le côté et regarda d’un œil – un seul parce qu’il n’avait pas la force d’ouvrir les deux – son portable – un magnifique Nokia… heu pardon, on s’en fout – qui faisait de la lumière et vibrait tout en faisant tourner en boucle la chanson de My Chemical Romance – ça se voit qu’il est fan ?. Il roula sur lui même et balança le bras pour attraper le gadget qui lui avait toujours servi de réveil plus qu’autre chose. Il savait qu’elle heure il était ( il avait lui même programmé l’engin ), il se leva en vitesse et alluma la lumière en plissant les yeux. Enfin, il tenta d’allumer la lumière car le plafonnier restait désespérément éteint alors qu’il s’excitait sur l’interrupteur.

-Et merde…

S’habiller dans le noir, c’était tout un chalenge. Déjà il fallait qu’il trouve un pantalon, car à quatre heures du matin on se gelait dans Pudget. Il se dirigea à tâtons dans l’obscurité. Il ne risquait pas de tâtonner grand chose dans le noir car sa chambre était pratiquement dénuée de meubles. Mais, avec la chance qu’il avait, il était capable de se faire violemment agresser par sa table de nuit. Il cherchait la chaise qui était devant son bureau, il se souvenait d’y avoir laissé son jean’s. Il sentit enfin le dossier, mais il était vide. Il murmura une autre injure dans l’ombre et se pencha en avant. Il sentit du tissus sous ses doigts, c’était peut-être son t-shirt, c’était déjà mieux que rien.

En se relevant il se frappa la tête sous son bureau, bien sûr, c’était un passage obligatoire. Il s’en moquait, il allait s’amuser… Il tenta de mettre la tête dans l’ouverture, mais sa tête ne passait pas, il n’y avait pas de trou de l’autre côté. Il avança, avec son « t-shirt » désespérément fixé sur la tête. Il était, dans l’état actuel, deux fois plus aveugle – si ce genre de chose est possible. Il tourna sur lui même, cherchant désespérément une réorientation.

-Aïe…

Ca c’était le mur. Finalement, il retira son t-shirt et chercha de nouveau son portable. Une fois qu’il l’eut trouvé – que de drames ! – il l’ouvrit et, à l’aide de la lumière, regarda la pièce. Il se rendit compte que son t-shirt était en fait une taie d’oreiller.

-Pff…

Il alla chercher ses vêtements et s’habilla en vitesse, ce qui inclus toutes sortes d’acrobaties dues au maintien du portable. Enfin, il sortit dans le couloir éclairé seulement par les lumières « exit ». Il courut jusqu’à la chambre d’un certain « Joey Spenser » et entra sans frapper. Le garçon dormait à poings fermés. Il s’approcha du lit et secoua l’épaule du jeune homme.

-Joey ! Joey debout !

Le réveil allait être rude...

Le garçon ne réagit pas tout de suite. En fait si, il avait sursauté et manifesté son mécontentement ( sans blaaague ) puis il avait cherché à savoir qui était à l'origine de ce réveil brutal. Kessen sentait que sa cruauté allait enfin pouvoir s'exercer. Il était content de lui, car il avait réveillé une personne qui n'avait pas envie de se réveiller. C'est vrai qu'il est rare, à quatre heures du matin, de trouver quelqu'un qui dort et qui souhaite -en secret ou non- qu'on le réveille. Mais la vie de Kessen résidait sur toute une suite de satisfactions personnelles minimes qui faisaient de sa vie un paradis parfait.

Le jeune Joey allait-il devenir un ennemi ?

La porte de la chambre du jeune Spenser était ouverte et les faibles lueurs du couloir rendaient la chambre moins opaque. Il voyait donc se dessiner nettement la tête du garçon. Il avait une tête sympa. Bon, ok, c'est un peu ridicule de dire ça comme ça, mais sa tête était plutôt cool et Kessen du avouer qu'il aimait bien la coupe de cheveux de son camarade. Enfin, s'il invoquait ça comme raison maintenant que le garçon lui demandait pourquoi il l'avait réveillé, il allait se prendre un pain dans la tête. Surtout que le Joey Spenser avait ses mains sur les épaules de son bourreau.

Il fallait vite que Kessen réponde un "pour rien" sympathique et qu'il se barre en courant - et en rigolant - avec une horde de surveillants enragés aux fesses. Enfin, au moins il avait choisi une chambre de garçon, mais il pouvait bien avouer que, dans un premier temps, il n'en était pas sûr puisque Joey pouvait très bien être un prénom neutre. Il admirait pas mal ce gus là, il semblait plutôt cool. Bref, être cruel ou ne pas être cruel, là est la question... Il ouvrit la bouche pour répondre sa magnifique vanne mais il se dit qu'il valait mieux s'abstenir.

-Beh pour rien en fait... Je m'ennuyais et je voulais faire connaissance avec des gens...

°Il va me taper, il va me taper, il va me taper...°

Quoi qu'il fasse, Kessen devait se dire que de toute façon, il avait bien rigolé, du moins pour préparer sa blague. Il fit un sourire au garçon et prit un air complètement innocent - très réussi. Il se sentit obligé d'ajouter.

-Tu veux être mon ami ?

La situation était décidément débile, mais Kessen ne faisait rien comme tout le monde et c'était beaucoup plus sympa de vivre dans l'anti-conformisme au lieu de se plier aux conventions. Pourquoi aller voir ce gars -qui n'était même pas dans la même zone que lui- à la récré ou au déjeuner ? Ca n'avançait à rien et c'était bien nul. Alors autant trouver un moment privilégié - un peu beaucoup même. Il tourna la tête sur le côté, comme un petit chien qui attend une sucrerie.

{Edit Hailey: Tu portes vraiment bien ton rang Kessen Chéri xD aller je sors ...}

Cette scène c'était vraiment du n'importe quoi. Alors que Joey retirait ses mains des épaules de Kessen et faisait un mouvement, celui ci ferma un oeil car il craignait de recevoir brusquement un coup - et il ne ferma pas l'autre car il était d'un naturel très curieux, c'en devenait malsain. Mais le garçon plongea juste sur son lit et Kessen soupira de soulagement. Il mit la tête dans son oreiller et dit quelque chose que Kessen ne comprit pas - gné ? - mais qui devait sans doute être une insulte ou quelque chose dans ce goût là. Kessen songeait toujours à s'enfuir en courant tant qu'il était encore temps - c'est à dire avant d'avoir lâché son nom. Avec un peu de chance - et en profitant grandement de l'état d'endormissure de son collègue - Joey ne le reconnaîtrait pas dans les couloirs, en plus ils n'étaient pas de la même section.

Bizarrement, le garçon semblait drôlement pacifique - comme l'océaaann ouais ! - mais ce n'était peut-être qu'une façade, un calme avant la tempête - Kessen aussi était passé maître dans l'art de la façade. Il était à présent assis en tailleur sur son lit et il s'excusait. Kessen trouvait ça étrange parce que les rôles étaient un peu inversés, mais bon, du moment que la discution lui évitait les coups. Il voulait bien croire que son camarade était fatigué, après tout, Kessen se rapprochait pas mal de son état sauf que pour lui, c'était mon frustrant, il s'était réveillé de son plein gré - aidé par son portable...

Ah, Spenser lui demandait son nom... Aïe, fallait-il le dire ? C'était le dernier espoir de s'enfuir incognito. Puis non, il était cool ce gars avec ses piercings - vive les piercings ! - et il ne paraissait pas trop agressif.

- Euh, mon nom c'est Kessen... Je suppose que t'es pas enchanté !

Il lui fit un grand sourire et s'assit sur le bord du lit du garçon. Sa chambre était bien amménagée, il devait y passer du temps et il avait l'air d'aimer dormir. Raison de plus pour s'inquiéter de son cas plus tard. Au moins - à la tronche de beau gosse de Joey il avait déclaré qu'il devait être populaire - sa réputation allait être faite, il allait enfin pouvoir assumer son statut de chiant très chieur.

- Alors, tu vas pas me tuer tout-de-suite ? Je tiens à dire avant de mourir que j'adore tes piercings. Moi aussi j'en ai !

Sans blague... On ne voyait que ça sur les lèvres du jeune homme. Ses deux pointes et son anneau, dressés comme des fils barbelés à l'entrée d'un camp militaire.