#Do Mi Sol# «Mesdames et Messieurs, nous vous informons...»

Les heures défilaient. Le paysage aussi. Mais Keira ne regardait pas le paysage. Non. Après avoir réalisé qu’elle ne pourrait jamais tenir une dizaine d’heures assise en jonglant avec son appareil photo, elle s’était tout d’abord levée pour se rafraîchir –non sans écraser quelques pieds gênants au passage-, pour ensuite retourner à sa place –en passant par-dessus son voisin (Mon Dieu, ce qu’on pouvait être serré dans un wagon de troisième classe --‘)- et lire un passage de son roman du moment. Puis elle s’était décidée à se lever une seconde fois, cette fois pour s’acheter un sandwich, répondant au besoin de son estomac. Après avoir, une fois de plus, écrasé quelques pieds un peu trop gênants, doublé tout le monde à la file d’attente sous prétexte qu’elle descendait au prochain arrêt et donc qu’elle ne pouvait pas attendre, elle était de nouveau assise –non sans avoir piétiner une seconde fois son voisin --‘. A présent, sa tête dodelinait sur son poing, lui-même fixé à son bras, lui-même appuyer sur la vitre du train. Si bien que lorsque son bras glissait, sa tête glissait…régulièrement --‘. Allez, plus que deux petites heures…

#Do Mi Sol#

« Mesdames et Messieurs, nous vous informons que nous voyageons actuellement avec quarante-six minutes de retard. Le wagon-restaurant… »

Keira n’entendit pas la suite. Quoiiii ?!! Un quart d’heure de retard ?!! Partit comme c’était, elle pouvait être sûre de prendre « quarante-six » minutes supplémentaires de retard. C’était toujours comme ça avec les trains T.T.

#Do Mi Sol#

« Mesdames et Messieurs, nous vous informons que notre train va arriver en gare de Boston. Gare de Boston, six minutes d’arrêt. Pour votre sécurité, veuillez ne pas descendre du train si vous Boston n’est pas votre destination. Gare de Boston, six minutes d’arrêt. »

Keira s’éveilla. Elle n’avait plus de voisin, mais ça elle s’en fichait, si ce n’est qu’elle était soulagée de ne pas avoir à refaire des acrobaties par-dessus les jambes de quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Non, le plus important c’était le message de cette chère hôtesse. Elle s’était sûrement assoupie… C’est fou comme cette activité permet d’accélérer le temps =)

#Do Mi Sol#

« Mesdames et Messieurs, le train va sortir de la gare. Pour votre sécurité, veuillez vous reculer des portes. »

Heeeeeiiiiin ?!! Les six minutes étaient déjà passées ? O_o Oh merde, merde ! >.<’ Keira se hissa en vitesse sur la pointe des pieds pour attraper sa valise qui tomba lourdement au bout de son bras, installa son sac sur une des ses épaules et ses fraya un passage à travers la foule. Cette fois-ci, pas de pieds écrasés, elle était trop pressée. Non, ce fut des coups de valises agrémentés de quelques « Mais poussez-vous, bordel ! » qui fusèrent. La jeune fille passa de justesse à travers la porte mais celle-ci se referma sur sa valise. Elle allait piquer sa crise lorsqu’elle s’aperçut que le système de sécurité fit rouvrir les portes. Elle se dégagea et marcha tranquillement jusqu’à l’escalator, essayant du mieux que possible d’ignorer ces regards sur elle, qu’elle détestait au plus au point.

Bref, elle avait enfin réussit à sortir de cette maudite gare. Maintenant, il fallait qu’elle trouve un taxi. La jeune fille sortit sa gavroche de son sac et se la visa sur la tête, qu’est-ce qu’il pouvait faire froid ici >.< Elle sortit également un papier qu’elle déplia tout en marchant. Pudget School… On lui avait dit que tout le monde connaissait et qu’elle n’aurait aucun mal à s’y faire emmener par taxi. Bon… Espérons-le car elle-même ignorait où ce Pudget ellenesavaitquoi se trouvait.

Keira levait le bras, sautait en l’air à l’approche des taxis. Mais aucun ne s’arrêta. D’accord… --‘ de toute évidence ils ne prenaient pas cette gamine au sérieux et pensait qu’elle faisait « Coucou ! » à une de ses amies qui se trouvait de l’autre côté de la rue n’est-ce pas ? --‘ Keira observa la-dite rue. Elle n’était pas très fréquentée et la vitesse devait être limitée à cinquante kilomètres par heure. Très bien… On allait voir s’ils allaient s’arrêter. Keira marcha tranquillement à travers la route comme si elle allait la traverser lorsque soudain elle se stoppa net, restant au milieu de la chaussée. Un taxi arrivait, plein phares sur elle. Allez… Arrête-toi, idiot. Allez…
#CRIIIIII#

Enfin, c’était pas trop tôt --‘

« Nan mais ça va pas la tête ?!! Qu’est-ce qui t’as pris, hein ?!! Ils sont où tes parents ? »

Par pitié, tout mais pas ça --‘ Elle n’était pas tout à fait majeure mais mesurait plus d’un mètre soixante-cinq quand même >.<

« Pudget School, tu connais ? »

Le chauffeur du véhicule, prit de cours bégaya un moment avant d’articuler un « Oui. » laborieux. Bon… Il devait être surpris de ce revirement de situation mais devait aussi connaître la réputation de cet établissement et son rôle.

« Bien, emmène-moi là-bas. »

De nouveau un « Oui. » bégayant. Le chauffeur devait à présent être déstabilisé par l’air blasé de la jeune fille et son autorité pourtant facilement refusable.

Sans attendre son invitation, Keira ouvrit le coffre du taxi pour un glisser sa valise avant de s’installer sur la banquette arrière avec son sac. Ce ne fut que lorsque le chauffeur démarra qu’elle se rendit compte du concert de klaxon qui avait lieu derrière eux. Le capharnaüm cessa dès lors qu’ils démarrèrent.

Pendant le trajet, elle et le chauffeur n’échangèrent pas le moindre mot. Lorsque ce dernier stoppa le véhicule devant une imposante grille de fer, Keira se contenta de lui payer sa course et de récupérer sa valise, toujours sans un mot. Lorsqu’il fut repartit, la jeune fille tendit son bras vers la grille pour la pousser. Un grincement strident accompagna son geste. Bon sang !! Ce que ça pouvait être lourd ! Avec ce poids et l’encombrement qu’elle portait, la jeune fille ne se donna pas la peine de refermer la grille derrière elle. Quelqu’un d’autre s’en chargerait. Après avoir fait quelques pas dans une allée, elle se trouva fasse à des marches qui menaient à une porte de chêne à double battant. Elle les gravit et poussa un des battants qu’elle repoussa derrière elle, cette fois-ci.

Il devait être l’après-midi. Disons vers quatre ou cinq heures. Keira ne savait pas trop en fait. Elle ne portait jamais de montre, n’avait pas envie de sortir celle qui devait être écrasée au fond de son sac par ses autres affaires, et ne vit pas d’horloge sur les murs du hall. Oui, car c’était bien dans un hall qu’elle se trouvait –logique. Un hall grouillant d’élèves. Il y en avait pour tous les goûts. Un groupe de filles à sa droite par exemple la regardait dédaigneusement mais Keira se consola en voyant leurs mini-jupes et leurs talons aiguilles. Juste devant elle devait se trouver de grands amis à elles. Le genre de gars qui prennent très soins d’eux etc. Toujours aussi admirable --‘ A sa gauche se trouvait un groupe mixte au look plutôt « déjanté » mais soft. Le genre guêtres, couleurs, badges, cravates, chaussettes de couleurs sous le pantalon remonté… Keira était si proches d’eux qu’elle pouvait entendre quelques bribes de leur conversation. Ils parlaient de musique semblait-il. Ils n’avaient pas fait attention à elle. Cela lui plut. En haut du grand escalier qui lui faisait fasse se trouvait un groupe de… gothique ou ellenesavaitquoi. Elle ne leur accorda pas plus d’attention qu’à tout les autres. Elle eut seulement un léger sourire amusé lorsqu’elle pensa à son accoutrement à elle. Elle devait faire tâche avec son débardeur gris, son jean délavé et évasé sur des tennis et sa gavroche noire vissée sur sa tête.

Mais bon, ce n’était pas en pensant chiffons qu’elle allait s’avancer. En plus, à rester plantée là, elle attirait de plus en plus l’attention ce qu’elle détestait >.< Elle fit quelques pas et tout le monde sembla retourner à leur conversation à part le petit groupe de plastics qui délaissa un instant le maquillage et les beaux gosses d’en face pour accorder un peu de leur temps à parler sur sa tronche. Keira soupira silencieusement et commença à gravir les escaliers…lentement --‘ Eh oui ! Avec une valise, c’est marche après marche les amis. --‘

[Je poste, je supprime si tu étais pas d'accord !]

° Tu es parfait, tu es parfait, tu es parfait, tu es... aïeuh ! merde ! °

Alors, les tibias ça ne sert strictement à rien dans la vie sinon à se faire hyper mal lorsqu'on le cogne quelque part. Il avait l'air pas mal con, alone au milieu du hall dans lycée dans lequel il venait d'arriver, se tenant la jambe et sautant à cloche pied en faisant une grimace par laquelle passait tous les malheurs du monde. Ok, au moins, les gens tout autour savaient qu'il était douillet... En même temps qu'est-ce qu'une table venait foutre en plein milieu ? Ok, c'était la rentrée, mais il ne fallait pas abuser non plus ! Et pourquoi personne n'avait prévu de panneau signalisateur lunimeux pour prévenir de dangers éventuels. Kessen sentait déjà que ses années d'interne à Pudget n'allaient pas être du gâteau, ce coup en était le signe annonciateur.

Dans son malheur, il voyait le bon côté des choses ( toujours en se tenant la jambe et en sautant pour faire passer la douleur) : au moins il n'avait pas de valise à la main. Avec la chance qu'il avait, elle se serait déjà ouverte et tout son contenu se serait déversé sur le sol. Il n'avait rien à cacher - à peine quelques seringues et deux sachets étranges... - mais cela aurait pu s'avérer particulièrement stressant et ambarassant. Ahah ! La bonne blague ! Ambarassant alors qu'il se foutait de ce que les gens disaient. D'ailleurs, les gens en disaient des choses, rien qu'avec leurs regards insistants... Kessen comprit que personne ne viendrait lui demander si tout allait bien alors il se frotta une dernière fois la jambe avant de la laisser retomber sur le sol. Les jeunes tout autour se désintéressèrent de son cas.

Il leva les yeux au ciel d'un air blasé et fit un doigt d'honneur à une fille qui le regardait en se lèchant les lèvres. Dans son ancien bahut, il n'y avait que des intellos coincées qui se contentaient de lancer des regards furtifs et de serrer leurs cahiers contre leur poitrine 75A lorsqu'elles étaient captées. Kessen ne doutait pourtant pas qu'il prendrait très vite l'habitude des petites cochones en tout genre qui avaient l'air de peupler joyeusement une grande majorité du lycée.

En attendant, il fallait qu'il trouve sa chambre et qu'il voit ce qu'il y avait à faire de cool à Pudget [ca me fait penser à Pugelet... désolé...]. Il était un peu emmerdé parce qu'il écoutait rarement ce que son père lui disait et il avait du lui raconter toutes les activités merveilleuses de ce lycée privé des dizaines de fois... Mais le jeune homme avait du être trop occupé à faire le poirier sur la rembarde du balcon au premier étage pour vraiment écouter attentivement tout ce baratin qui se voulait masquant le fait qu'il n'y avait que des tarés dans cette école. Il préférait largement débattre d'autres choses avec son père, comme du bruit que font les pâtes.

Les pâtes, lorsqu'elles sont bien préparées, avec du beurre, du concentré de tomate et du fromage, elles font un petit bruit hyper agréable qui signifie qu'elles sont parfaites. Et bien, pendant deux heures, Kessen et Franz avaient discuté avec éloquence de ce merveilleux son qui semblait comparable à une mélodie nutritive apportant un gage de bonheur pour qui toucherait à ces pâtes. Moralité ? Au bout de deux heures, les pâtes étaient froides... Kessen se remémorait cet épisode avec bonheur, il ne passerait plus beaucoup de moments avec son père dès à présent, alors tout ça allait lui manquer, car son père était le seul à vraiment comprendre son état d'esprit complexe, surtout vis à vis de sa misanthropie et de son égoïsme.

Il y avait une jeune femme qui montait les escaliers, marche par marche, une valise qui semblait lourde à la main - le fait qu'elle monte marche par marche lui donnait en tout cas cette impression, mais ce pouvait être tout à fait un style de vie. Kessen se dit qu'il était temps de se faire des amis ( déjà !) et il courut pour rattraper la fille.

-Salut, tu veux de l'aide peut-être ?

Sans attendre de réelle acquiessement, il attrapa la valise de la fille et la porta à bout de bras. Il lui fit un super sourire et se présenta :

-Kessen Verhensselt, chuis new.

Il commença à monter les marches qui restaient en restant au niveau de sa camarade. La valise ne lui était pas lourde ou trop large, elle ne trainaît pas sur les marches et il n'avait pas trop de difficultés pour marcher normalement.

-C'est quoi ton nom ?

Une marche, deux marches… Non Keira, ne compte pas le nombre de marches qu’a ce fabuleux, merveilleux et incroyablement long escalier. C’est juste qu’elle les sent passer les marches --‘ L’une après l’autre. Lentement. Et lourdement aussi surtout ><’ Le pied droit, la valise, le pied gauche. Le pied droit, la valise, le pied gauche. Le pied droit… Ca n’en finissait pas >< Elle fixait le marbre de l’escalier qu’elle grimpait, fixait ses pieds, concentrée sur sa tâche qui semblait si ardue. Tellement concentrée d’ailleurs qu’elle n’entendait presque aucun son autour d’elle. Ou plutôt si, elle les entendait mais n’en avait pas conscience. Comme ce bruit de pas précipité, par exemple. Ce bruit de pas qui se rapprocha à vitesse grand V d’elle, d’ailleurs O_o Perçant la barrière de la-dite conscience et éveillant la curiosité de la jeune fille. Alors ? Qui était-ce ? Sûrement pas quelqu’un pour l’aider vu l’attitude des personnes qu’elle avait vues lorsqu’elle était entrée. De toute façon, jamais elle n’accepterait d’aide. Ca lui ferait comme une dette. Et puis…même. Ceux qui ont besoin d’aide sont faibles et en plus, ça établit tout de suite un contact avec la personne venu vous « secourir ». Or, les contacts avec autrui, c’est ce que Keira fuyait le plus. Pas question de se laisser dépendre de quelqu’un et vice-versa.

Seulement, il s’avéra qu’elle se trompait sur toute la ligne. Ses bruits de pas étaient bel et bien produits par quelqu’un qui s’était mis dans la tête de l’aider…sans lui demander son avis en plus ! ><’ Mauvais point pour la personne ! En effet, la-dite personne effleura la main de Keira avec la sienne pour saisir énergiquement la poignée de sa valise.

« Eh ! »

Keira ne fit même pas attention à ses paroles introductives de conversation. Elle se contenta de dévisager son « sauveur indésiré ». C’était une habitude chez elle. Pour une fois elle n’avait pas pour but de mettre mal à l’aise la personne. Non, elle permettait à Keira d’en savoir un peu plus sur elle. C’est fou le nombre de choses qu’on peu apprendre sur une personne rien qu’en la regardant ! Hey ! Pourquoi croyez-vous que la jeune fille s’habillait si simplement ? Bref, son interlocuteur avait un look tout ce qu’il y a d’opposé à la simplicité justement. Coupe de jean particulière, couleurs de son polo assez…voyantes va-t-on dire… Mais le « pire » résidait vraiment dans son visage. Ses yeux tout d’abord… D’un bleu…irréaliste. Keira pensa tout de suite à des lentilles de couleur. Ensuite, ses piercings. Il en avait trois. Un à la lèvre inférieure et deux juste en dessous…comme pour l’encadrer. Lorsqu’elle remarque ce « détail », Keira se mordit la lèvre comme pour vérifier l’état dans laquelle elle se trouvait.

Mais durant cet examen pointu, l’inconnu…qui normalement ne devait plus en être un puisqu’il lui avait donné son nom, seulement, Keira ne l’avait pas retenu par manque d’attention =$ …Bref, l’inconnu en avait profité pour s’échapper loin des griffes de Keira. Non en fait ce n’était pas du tout son but --‘ Disons simplement qu’il était en train de se casser avec sa valise x] La jeune fille le rattrapa en une ou deux enjambées juste pour l’entendre dire :

« C’est quoi ton nom ? »

T’as qu’à croire mon bonhomme… Après tout l’espoir fait vivre comme on dit ! =_=’ Bon, en tout cas, il fallait qu’elle récupère cette valise, et pas plus tard que maintenant. Son « tu veux de l’aide peut-être ? » lui était resté en travers de la gorge. Nan mais ! Ce n’est pas parce qu’elle galérait qu’elle avait forcément besoin d’aide ! Enfin peut-être mais…étant donné qu’elle ne voulait pas d’aide, cela effaçait son besoin ! Hurm… Comme la mauvaise foi pouvait rendre idiot parfois --‘

Enfin bon… Keira se stoppa net dans son ascension. Ils se trouvaient en plein milieu de l’escalier et pas mal de regards étaient tournés vers eux (pour changer --‘) mais cette fois-ci, Keira s’en moquait éperdument. Comme elle l’avait prévu, le garçon s’arrêta lui aussi. Pur réflexe humain. La jeune fille tendit la main, geste qui signifiait un truc du genre « Rend-moi ça. » et pour la première fois depuis le début de leur rencontre, ouvrit la bouche. Ce fut à peine une seconde après la question du jeune garçon.

« Mon nom n’a aucune importance puisque c’est la dernière fois que nous nous voyons. Maintenant, si le bon samaritain pouvait me rendre ma valise ça serait sa merveilleuse bonne action de la journée. »

Rajoutez par-dessus des paroles pareilles un petit sourire moqueur et sarcastique, vous obtenez une attitude totalement insupportable…que peu de gens peuvent observer sans rien dire.

Alors ok, cette école était une école de tarés, avec des tarés, et des profs sûrement tarés, mais alors cette fille était l'exemple même de la "taré-attitude" qui semblait être de mise. Elle fut abasoudie deux secondes puis elle joua les princesses précieuses. Kessen la capta tout de suite "Je suis parfaite, je n'ai besoin de personne". Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, mais elle aurait pu au moins être un minimum hypocrite parce que ça aurait évité aux deux jeunes d'avoir un ennemi dès le départ. Elle le traita de "bon samaritain" - ce qu'il n'apprécia que très moyennement - et elle lui demanda de lui rendre sa valise.

Le garçon réfléchit très vite, elle voulait jouer aux idiotes de service qui ne comprend rien au fonctionnement logique d'une société surpopulaire et surconsommatrice ? Très bien, il allait pouvoir s'amuser. Elle fit une petite mimique sarcastique qui lui allait très bien. Il leva un sourcil et regarda avec un petit sourire le bas des escaliers. Il lui avait au moins épargné 10 marches et il la jetait comme un parasite ? Le jeune homme hocha la tête, la regarda dans les yeux et fit un petit mouvement vertical des sourcils comme pour dire "niquée..." Sans un mot, il jeta la valise en bas des marches.

Alors ok, c'était super con et super méchant, mais sur le coup, ça paraissait être une super bonne idée - en tout cas une super bonne idée pour le faire rire... Il regarda la jeune femme et leva un sourcil. Sa jauge de misanthropie était au max, qu'est-ce que les gens pouvaient être cons. Cons comme les cinq pétasses qui riaient aux éclats en bas. Au moins, il annonçait dès le début la couleur.

-Oups...

Il ne décrocha pas son regard hypnotique - et pas du tout retouché - de ceux de la jeune fille. Il se frotta les mains comme quelqu'un qui vient de faire une journée complète de grand ménage de printemps et puis les mit sur ses hanches. Alors comme ça il avait rencontré une asociale ? C'était bien sa vaine ! Et si elle se mettait à rejeter la première - et seule - personne pleine de bonnes intentions - ahum - elle allait avoir de graves soucis d'adaptation.

On peut détester les gens et les trouver tout juste utile à servir son intérêt personnel, mais il faut se dire que, tant que les gens ne savent pas qu'on se fout de leur gueule, ils sont super sympas avec vous. Quand on se met à l'écart, on attise la curiosité et parfois même la curiosité de personnes indésirables qui vont, par la suite, vous persécuter violemment et faire de votre vie un enfer - quand je disais que les gens étaient des cons.

-Tu veux de l'aide, pour ramener ta valise à ta chambre ?

Il lui fit un sourire cynique, il voulait bien aider une fille qui avait le même état d'esprit que lui, mais cette fois, il ne prendrait les devants, maintenant qu'il savait qui elle était, il allait agir dans son sens et attendre patiemment avant de jouer les gentlemen. Mais en attendant, si elle refusait, un fois de plus, l'opération du "bon samaritain" il allait tout simplement la regarder galérer dans le petit cercle très jouisif du "pied droit, valise, pied gauche..."

Attendez un instant là… Arrête sur image, on revient sur arrière… Mais oui ! C’est bien ça ! Il a osé ! Oh alors celui-là… ><’ Il aurait pu se contenter de lui rendre gentiment sa valise comme le bon samaritain qu’il était, nan ? Mais non ! Il avait décidé de se la jouer… Euh… Il fallait qu’elle arrête là --‘ Elle ne venait pas de le renvoyer royalement sur les roses alors qu’il lui avait généreusement proposé son aide ? C’était ça le problème : elle ne supportait pas les personnes gentilles. Au départ elle avait cru que c’était seulement parce qu’ils paraissaient un peu nien-nien avec leur petit air de saints. Mais elle avait rapidement réalisé que c’était tout simplement parce qu’ils pouvaient faire quelque chose qu’elle ne pourrait jamais faire par manque de maturité : être gentille justement --‘ Mais là elle s’embrouillait. Rappelons-nous que le jeune homme qui lui faisait face venait de balancer sa valise en bas de l’escalier et le groupe de nunuches qu’elle avait remarqué tout à l’heure ne l’aidait pas à digérer son geste.

De plus, elle ne pouvait même pas s’assurer que sa valise était encore bien fermée puisque son adversaire la fixait avec un de ses regards qui vous clouent sur le sol. En fait ce n’était pas son regard en lui-même, c’était plutôt la couleur de ses yeux qu’elle avait prise pour artificielle tout à l’heure. Maintenant elle en était sûre, il n’y avait aucune présence de lentilles là-dedans x] Après tout ça faisait maintenant quelques minutes qu’ils se fixaient comme ça, elle avait eu le temps de voir si oui ou non c’était un adepte des lentilles. Enfin bon, ce mystère résolu, ça ne l’empêchait pas de lui transmettre toute sa haine à travers son regard sombre. Quand elle y pensait ça l’amusait. Ils avaient tous les deux une couleur d’iris particulière et s’envoyait tous deux des éclairs.

Mais bon, il fallait quand même régler cette histoire de valise avant de se perdre dans cet océan de bleu --‘ A vrai dire, elle ne savait pas trop comment réagir… Lui en foutre une ou bien descendre chercher sa valise comme une grande fifille ? Tsss… Elle détestait ces situations >< Elle opta pour la seconde option, bien que ça lui déchirait le cœur de ne rien répliquer. Si un jour on lui demanderait si faire preuve de maturité faisait mal, elle répondrait « Oui. » sans aucun doute --‘ Elle descendit le plus tranquillement le monde les escaliers même si le cœur n’y était pas, juste histoire de paraître désintéressée de la situation. Elle lança un regard encore plus intense que précédemment aux filles qui ricanaient –toujours les mêmes =_= ‘- avant d’arriver enfin au bas de l’escalier. Sa valise était indemne, merci le cadenas quand même O_o Elle la souleva difficilement et…

« Tu veux de l’aide pour ramener ta valise à ta chambre ? »

Là s’en était trop ! Ce ton ironique hurler de l’escalier lui fit un effet plutôt…positif. La haine qu’elle ressentait lui donna une poussée d’adrénaline qui décupla ses forces. Elle prit sa valise à deux mains, la hissa et entreprit de monter l’escalier, dans le but de rejoindre ce cher petit plaisantin. Vite, et sans gêne. Elle trottinait presque. Hurm… Il allait voir celui-là >< ‘ Durant sa montée, elle le fixait intensément dans les yeux exactement comme il y a quelques minutes. Arrivée à sa hauteur, elle s’arrêta à peine quelques secondes devant lui, juste le temps de lui lancer, d’un ton faussement naturel :

« Non merci. Là, je n’ai pas besoin de toi, tu vois ? »

Avant de repartir de plus belle. En à peine une quinzaine de secondes, elle se trouvait au sommet de l’escalier où elle se stoppa une nouvelle fois. Hurm… Il n’avait rien répondu… Ce n’était pas amusant…

« Mais si tu insistes… »

Elle s’était retournée et lui offrait un sourire amusé presque sincère. Il n’y avait pratiquement pas de trace d’ironie dans sa voix et elle désignait de ses bras, sa valise encore près d’elle.

Les pétasses en bas des escaliers ne pouvaient pas s’empêcher de rire semblait-il, cela semblait être convulsif alors qu’elles regardaient, avec Kessen, la jeune femme qui descendait comme une grande pour aller chercher sa valise. Kessen leva les yeux au ciel mais ne bougea pas, si elle avait envie de faire ça toute seule, quitte à se fatiguer pour rien, tant mieux pour elle, et tant mieux pour les autres. Elle faisait du spectacle pour la galerie… Si elle souhaitait passer inaperçu c’était loupé.

Elle remonta, ravivée par une étrange force sans doute due à son énervement. C’était pathétique tout de même de s’énerver pour une valise qui ne s’était même pas ouverte en tombant. Le jeune Kessen n’était coupable que d’une étourderie – oups. Il leva la tête vers elle, au fur et à mesure qu’elle montait. Arrivée au palier, sa colère retomba sûrement car elle s’arrêta et le regarda. Il sentait qu’elle allait céder, c’était forcé. Il sourit et se délecta de ses paroles. Elle voulait de l’aide maintenant, c’était cool, ça prouvait qu’elle pouvait être aussi raisonnable et stratégique. Mais elle en avait mis du temps, preuve d’un sang chaud et d’une grande impulsivité, ce n’était pas toujours bien quand ce n’était pas exploité…

Oulala, que c’est joliment dit tout ça, c’est bien d’être un peu psychologue sur les bords. Kessen ne se fit pas prier deux fois. Il allait enfin faire connaissance avec la graine de racaille qui était pensionnaire ici. Il monta et attrapa la valise de la jeune fille.

-C’est quoi le numéro de ta chambre ?

°Va-t-elle finir par me dire son nom ?°

Schkroumpfch, schkroumpfch, c’était le bruit des pâtes, mais en plus humide… Comme si on pouvait écrire ce son mouillé que font les pâtes à la tomate et au fromage ! Il avait décidément super faim et son envie de Coca-Cola allait grandissante, son addiction lui pourrissait décidément la vie, mais c’était tellement bon ! Et en plus ce n’était pas de l’alcool.

Sa chambre à lui était la 007. Il espérait qu’on lui donnerait d’ici peu le surnom de James Bond. Alors qu’il marchait en direction de l’internat, il songeait à utiliser sa super montre laser pour lui écourter le chemin, Ils empruntèrent de nouveaux escaliers et là il pensa à son super sac à dos qui était aussi une rétro-fusée surpuissante ! Et puis ses chaussures étaient montées sur ressort… Non, ça ça fait un peu Inspecteur Gadget, je suis d’accord.

-Au fait, c’est quoi ton nom du coup ? Nan, parce que, je sais qu’on se reverra jamais hein, mais c’est histoire de faire la conversation quoi…

°Est-ce qu’elle sait que le bruit c’est ce qu’il y a de plus important dans les pâtes ?°
°°Eh ! Tu connais la meilleure ? C’est Lesieur !°°

N’importe quoi…

Beuh… C’était tout ? Pas de refus ou de réplique cinglante ? Bah… Au moins, c’était original. Et Keira adorrrait les revirements de situations. x] Elle s’adaptait…plutôt facilement on va dire *_* En tout cas, il semblait ravi de sa réaction. D’un côté elle s’y attendait et s’y était préparée mais…pas assez apparemment --‘ Grrr, le fait qu’il se délecte ainsi de ses paroles la rendait malade ><’ Son visage n’en montrait rien mais elle se sentait comme… Enfin, disons que sa fierté en avait prit un coup sur ce coup là --‘ Foutue déstabilisation psychologique ! >.<

Mais bon, ce n’était pas en s’embrouillant les idées ou en se donnant un mal de tête impossible qu’elle allait faire avancer les choses --‘

« Chambre 4. Etage Sud. »

Et les voilà partis ! Les spectateurs se regardaient entre eux comme pour se dire un truc du genre : « Déjà ? ». Mais le jeune Keira ne s’en rendit pas compte. D’une parce qu’elle n’avait aucune envie de se prendre un mur en pleine face en marchant et en regardant derrière elle en même temps. Et de deux… Bah, parce que l’idée ne lui était même pas venue en tête puisqu’elle « ruminait » de nouveau ses pensées portant sur sa thèse psychologique. Décidément cette preuve de bon sens ne lui faisait pas que du baume au cœur. Surtout que ce… Ah oui, d’ailleurs… Quel était son nom déjà ? --‘

« Au fait, c’est quoi ton nom du coup ? Nan, parce que je sais qu’on se reverra jamais hein, mais c’est histoire de faire la conversation quoi… »

« Chaque chose en son temps… »

Elle avait répondu ça presque machinalement, sans s’en rendre compte. Elle cherchait son nom à lui, et le voilà qu’il lui demandait le sien. Hurm… Un instant s’il vous plaît, elle pensait.

Eh bien, tu penseras plus tard ma vieille ! Ils étaient arrivés devant la porte intitulée « OO4 » de l’étage Sud. La dite porte était ouverte. Keira pénétra dans l’antre de ce qui était devenue sa chambre à elle et…se stoppa au bout de quelque pas. Mein Gott ! Une vraie cellule de moine ! En plus, la décoration n’était pas vraiment le point fort de la jeune fille --‘ Des murs…blancs virant au gris, une unique ampoule pendant au plafond craquelé de-ci de-là, un lit sur lequel était posée un pile de draps ainsi qu’un cousin et à côté duquel se trouvait un petit meuble faisant office de table de nuit, un espèce de placard un peu rayé au cutter pour ranger ses affaires et une unique fenêtre placée bien plus haut que toutes les fenêtres par convention, étroite et sans rideaux.

« Yaouh ! Je sens que je vais me plaire ici. » --‘

Keira avait dit ça plus pour elle-même que pour…Unknow. Elle avait repéré une porte entrouverte sur sa droite qui devait sûrement mener à un minimum de salle de bain… Mais à réflexion, elle préféra attendre avant de découvrir l’aménagement de la salle de bain en question T.T

La jeune fille se tourna vers…bah, toujours Unknow.

« Moi c’est Keira Laylor. »

O_o C’était quoi cet élan de bonté ? Bon d’accord ce n’était qu’un nom, mais… Ca devait être la découverte de sa chambre piteuse qui l’avait mise dans cet état --‘

La petite prétentieuse semblait un peu perdue dans les réactions du jeune homme. Il se dit que c’était son but en quelque sorte, destabiliser les gens et les faire réfléchir… Enfin, réfléchir… Pas au point de faire en sorte qu’ils le prennent pour un psychopathe jusqu’à refuser de leur donner un nom. Il n’était pas fétichiste, hein, mais là c’était quand même abusif ! Le « chaque chose en son temps… » de sa petite princesse lui fit lever les yeux au ciel, quelle chieuse celle là aussi. Ca faisait au moins un point commun… Bref, ils étaient arrivés. Arf… Kessen pouvait au moins se vanter d’une chose : sa chambre était correcte. Celle de Miss Méchante allait avoir besoin d’un sacré ravalement de… ben de tout en fait !

Il se demandait bien comment pouvait-être la salle de bain, il avait peur pour elle et imaginait toutes sortes de films atroces sur des meutriers se matérialisant dans les canalisations et… STOP !! Un miracle venait de se produire ! Elle lui avait dit son nom ! Kessen aurait pu tourner en rond et faire du grabuge en chantant de joie ( avant qu’une colonne d’eau ne sorte du sol – OASIS DES FRUITS DE L’EAU D’SOURCE DU FUN ! Poum !) mais il se retint et se contenta de faire un petit sourire sarcastique du genre « ben tu vois quand tu veux ».

A son humble avis – pas si humble que ça d’ailleurs – la jeune femme avait carrément zappé son nom à lui et elle ne devait pas avoir envie de le connaître – raison de plus pour le lui dire. Il songeait à lui annoncer avec un rejeté de mèche en arrière – il avait la technique – que son nom était Bond, James Bond et qu’il était chambre 007, baby, oh yeah, cool … bref, mais il se dit que c’était aussi bien que le Jezer qui sort du sol et il préféra lui dire la vérité – pour la deuxième fois -_-‘-

-Beh moi c’est Kessen Verhensselt. Je suis en 007.

Il n’avait pas pu resister au plaisir d’annoncer fièrement à la société qu’il était 007 tout comme Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton et Pears Brosnan – y’avait aussi le nouveau mais il ne trouvait pas son nom. En tout cas, il était très content de lui.

-C’est sympa chez toi… Enfin, si tu as peur la nuit…

Il lui tira la langue d’un air de « le prend pas mal je déconne » et il entra pour poser la valise de la jeune femme à côté de son lit.

Après cet élan de bonté dans sa présentation, Keira s’était quand même mise à re-lorgner sur les murs de sa chambre, limite pour espérer y découvrir un écriteau du genre : « C’est une blague pour les p’tits nouveaux. T’inquiète pas, demain tout sera beaucoup mieux. ». Tsss… T’as qu’à croire ma vieille --‘ Tout ce qu’il y avait sur ces murs c’était des traces d’humidité. En particulier près de ceux qui se trouvaient à proximité de la porte de la salle de bain… Ouille… Ca s’annonçait vraiment mal ><‘

« Beh moi c’est Kessen Verhenssell. Je suis en 007. »

Ver…Quoi ? Bon, elle allait se contenter du Kessen, d’accord ? En tout cas, il avait lu dans ses pensées apparemment puisqu’elle n’avait toujours pas réussit à se souvenir du nom de…Kessen, donc. Et elle n’aimait pas tellement que quelqu’un sache qui elle est alors qu’elle non. --‘

Un fin sourire amusé vint se peindre sur les lèvres de Keira lorsque Kessen acheva ses paroles. Elle avait comme perçut une négligence sur le « en » de la seconde phrase. Il semblait s’amuser du numéro de la chambre qui lui avait été attribuée. La jeune fille l’imagina un instant…classe. Genre costume trois pièces truffé de gadgets d’espions hyper sophistiqués… Eh eh… C’était réussit =_=‘ Elle regarda les pieds du jeune homme pour éviter son regard d’un bleu… Enfin de ce bleu quoi… Pour éviter également de sourire comme une niaise sans raison rien qu’en l’imaginant en James Bond.

C’est alors qu’il balança sa boutade qui fit oublier à quelque chose près les réflexions de Keira sur James Bond.

« Hum… Sympa tu dis ? J’irais bien voir la tienne histoire de comparer. »

Non aucun sous-entendu là-dedans si ce n’est qu’elle espérait que les autres chambres se trouvaient dans le même état que la sienne. M’enfin… Il y avait autant de chance que son espoir se concrétise que pour le coup de la pancarte de tout à l’heure --‘

Maintenant venons-en à la seconde partie de la phrase… Heeey ! Alors toi mon coco ! C’est pas avec une langue tirée que tu t’en sortiras même en t’éloignant sous prétexte de poser cette foutue valise xP

« Que je me ferais un grand plaisir de venir te réveiller pour te raconter mes cauchemars, tu veux dire ? »

Mouah ah ah X_x Deux chieurs ensemble ça n’avait jamais fait bon ménage. Heureusement que l’humour existait sur ce bas monde --‘

Oho ! Mais c'est qu'elle peut être aimable mademoiselle je-fais-la-gueule-parceque-ça-me-va-bien. En tout cas, même si ce n'était pas voulu, elle lui balança deux phrases ambigües à la suite il leva rapidement les sourcils avant de les redescendre aussitôt et s'inclina comme un humble serviteur - qu'il était -_-'. Ses cauchemars ? Il voulait bien les écouter toutes la nuit si elle avait le courage de les raconter, et puis sinon, il la laisserait s'épuiser jusqu'à ce qu'elle s'endorme dans ses bras. Ah, ça oui, il voulait bien la consoler la demoiselle en détresse.

-J'espère que tu en fais souvent...

Il leva un sourcil et fit un demi-sourire. Puis, lentement, il s'avança vers elle en la regardant dans les yeux, comme s'il avait voulu l'hypnotiser. Au dernier moment il détourna la tête et se retourna d'un bloc pour tout observer dans l'ensemble. Ah oui, c'était sympathique, surtout avec cette petite araignée dans le coin de la pièce. Peut-être que, si elle s'ennuyait vraiment, elle l'apprivoiserait. Gertrude, c'était un joli nom pour une araignée, Kessen imaginait bien un petit bonnet rose sur sa petite tête et de petits chaussons pour ses huit petits pieds... Enfin, elle ne devrait pas se risquer à ce genre d'expérience, si c'était un mal il le prendrait sûrement très mal.

-Ben voilà, j'aime beaucoup la petite touche de moisissure dans le coin de la porte... Et puis, au moins c'est vivant, on dirait presque que c'est déjà habité.

Il pointa d'un geste de la tête la fameuse Gertrude.

-Bon, si tu n'as plus b'soin de moi, je vais m'eclipser, j'ai faim, je vais au self...

Il insista bien et finit par faire quelques pas à l'extérieur. Il allait manger tout seul et il n'avait pas vraiment envie de passer pour un gland aux yeux de tous. Il fit tout de suite demi-tour et revint vers la jeune fille en usant de nouveau du pouvoir hypnotique de son regard.

-D'ailleurs, si tu veux manger... avec moi... Ne t'en prive pas ! Il paraît que c'est super bon.

Il lui fit un hochement de tête qui voulait paraître très sérieux puis il lui fit gentiment remarquer toutes sortes de choses sur son voyage qui avait du être long et toutes les émotions qu'elle allait vivre sans doute dans la semaine allait demander beaucoup d'énergie. Il termina enfin.

-Et puis, si tu ne sais pas où c'est je peux te guider.

Il hocha de nouveau la tête comme si c'était tout naturel de lui rendre un tel service et y ajouta un immense sourire. Il fallait qu'elle dise oui sinon il aurait utilisé toute cette salive pour rien et ça allait carrément lui couper l'appétit, il mourrait de faim, traumatisé par le refus de la jeune femme, seul avec Gertrude, dans un coin du couloir sombre et humide... Il allait mal le prendre quoi !

D’accord… Apparemment, ce cher Kessen n’avait pas compris ces sous-entendus dans le sens qu’elle aurait aimé. A moins qu’elle aussi se plantait sur toute la ligne sur ses sous-entendus à lui. --‘ Enfin… Le problème n’était pas là. Ou du moins, pas tout à fait. Le jeune homme, après ses paroles, avait commencé à s’avancer vers elle. Keira, par simple dignité ne recula pas d’un poil. Seulement, Kessen s’était stoppé et fixait à nouveaux le regard noir intense de la jeune fille grâce à ses yeux de ce bleu hypnotique. Raaah, bon sang ! Il pouvait arrêter de faire ça, non ?!! C’était trop demandé ?!!

Ah ? Non, apparemment, ce n’était pas trop demandé, puisqu’il s’arrêta immédiatement après qu’elle eut protesté sa dans sa tête. Il regardait de nouveau la globalité de la pièce, avant que son regard ne s’arrête sur un point précis.

« Ben voilà, j’aime beaucoup la petite touche de moisissure dans le coin de la porte… Et puis, au moins c’est vivant, on dirait presque que c’est déjà habité. »

Mais Keira ne vit pas le signe de tête que Kessen exécuta. Elle s’était déjà retourner pour suivre son regard avant même qu’il n’ai commencé à parler. Simple curiosité. Lorsqu’elle vit Gertrude, elle hésita à aller l’écraser entre ses doigts immédiatement. Elle avait un fort besoin de destruction pour compenser sa déception face à la découverte de l’état de sa chambre. --‘ Mais elle se dit qu’elle n’allait pas choquer le jeune Kessen, même s’il avait dû en voir des pires qu’une malheureuse araignée finissant sa vie entre les mains d’une méchante personne sans scrupules pour les arachnides –et pour rien d’autres non plus, d’ailleurs.

De toute façon, le dit jeune Kessen partait. Au self apparemment. Elle ne savait pas pourquoi il avait tenu à lui préciser le lieu où il comptait aller, mais de toute façon, son départ ne lui faisait ni chaud, ni froid. Pas de « Déjà ?! » déçu, ni de « C’est pas trop tôt ! » soulagé. Non, elle se contenta de se diriger vers Gertrude histoire de satisfaire son besoin lorsqu’une voix bien connue se fit entendre derrière elle.

« D’ailleurs, si tu veux manger… Ne t’en prive pas ! Il paraît que c’est super bon. »

Keira se retourna tellement vite que pour l’attitude de quelqu’un prit sur le fait, c’était gagné. D’ailleurs, elle ne savait pas pourquoi elle en faisait tout un plat. Ce n’était qu’une araignée après tout --‘ Toujours est-il qu’elle regretta de s’être retournée car à peine eut-elle finit sa magnifique rotation de cent quatre-vingt degrés qu’elle tomba nez à nez –ou plutôt yeux à yeux --‘- avec le regard de Kessen qu’elle commençait à connaître. ><‘ Elle étouffa un « Nan mais … ! » dans sa tête. Mais de toute façon, le voici qui se remettait à parler. Un vrai discours ! Oo Sur sa pomme en plus --‘ Voyage long ? C’est sûr ! Elle décrocha au moment où il commença à parler des épreuves qu’elle devrait sans doute subir ici pour repenser aux paroles qu’il avait prononcées à son retour. Elle avait cru discerner un « avec moi » mais elle n’en était que moins sûr. De toute façon, qu’est-ce que ça pouvait lui faire ? Elle ne voulait s’attacher à personne, point.

« Et puis, si tu ne sais pas où c’est, je peux te guider. »

Bah voyons ! Comme si elle n’avait pas remarqué l’idée qu’il avait derrière la tête depuis son faux départ --‘ Elle n’était pas le genre de fille qui croit qu’un gars va s’intéresser à elle parce qu’il la trouve jolie ou intelligente ou autre. Non, Keira était plutôt du genre réaliste. Surtout depuis cet accident… Elle ne se faisait pas d’illusion. Surtout depuis le temps qu’ils se connaissaient, Kessen lui servait sûrement ce cirque uniquement par intérêt ou amusement. Et ce sourie béat qu’il lui offrait ne faisait que confirmer ses pensées.

« Très bien, Kessen. Tu l’as servit à combien de filles ton numéro depuis que tu es ici ? »

Elle avait croisé les bras et le regardait avec un sourcil arqué, ce qui montrait bien qu’elle n’était pas en colère, seulement amusée qu’il puisse faire ça aussi ouvertement. Et elle s’amusait aussi d’avance au nombre de filles qui s’étaient fait prendre. Bien fait, princesses ! La prochaine fois, vous rêverez moins ! X_x